Nuits sans étoiles

Nuits Sans Etoiles

Elle regarde le ciel avant de fermer les yeux. Une larme coule sur sa joue. Elle ne sait plus où elle en est, d’où vient cette impression de vide absolu. Elle veut tout et rien à la fois, elle aime et elle rejette, elle a l’impression que plus jamais elle n’éprouvera ce sentiment qui parait si naturel aux autres, cette sensation de joie. Pourquoi vivre sans bonheur ? Quel est l’intérêt de continuer un chemin semé d’embûches, si le but n’en vaut pas la peine ? Si le trajet est si difficile à supporter ? Deux solutions pour rendre la vie plus agréable : rendre le but du chemin enviable, le vouloir, être prêt à tout pour lui, ou rendre le chemin plus praticable. Voir les deux, si on s’en sent capable… Seulement, pour elle, aucune de ses deux solutions n’est possible.

Elle n’a plus d’objectifs, ils les ont détruits, c’est fini… Quand à la route, elle a toujours été difficile et elle l’est de plus en plus. Reste une solution : s’en écarter. Stopper net ce petit bout de chemin, comme un défi. Et là, un nouvel objectif, un nouveau but prends vie : arrêter cette vie, justement, qui n’est plus à son goût. Prendre un autre chemin, même si il doit être celui de la mort… Si il le faut.

Pour réussir, pour enfin parvenir à un objectif qu’elle aura choisi elle-même, qu’elle seule aura décidé. Le premier choix que personne n’aura influencé, en tout cas pas directement…

1er Octobre 2007

Les rideaux étaient fermés. Une respiration haletante se faisait entendre, accompagnée du son caractéristique au froissement de tissu. En plissant les yeux, on pouvait entrevoir une silhouette humaine sur le lit. Le bruit dura une trentaine de secondes, avant que la silhouette ne bouge brusquement, juste avant qu’elle n’allume la lampe posée sur sa table de nuit.

Il s’agissait d’une jeune femme. Ses cheveux étaient poisseux de sueur et collés à son visage. Ses yeux, cernés, semblaient devenus fous et ne cessaient de rouler dans leurs orbites. Sa bouche à demi fermée semblait chercher l’air. La demoiselle se recroquevilla sur elle-même, entourant ses jambes repliées de ses bras pour poser son menton sur ses genoux. Elle avait peur.

Le rythme de sa respiration ralentit peu à peu, en même temps que s’atténuaient les battements de son cœur. Elle serra les dents, se mordant la mâchoire au passage. Elle était dans sa chambre, dans son lit. En sécurité. C’était fini.

Lorsque la jeune femme se leva pour aller ouvrir la fenêtre, elle révéla sa constitution fragile. Il faut dire qu’elle avait maigri lors des derniers mois. Une brise légère effleura son visage et décolla certains de ses cheveux de son visage. La demoiselle entrouvrit un des volets afin d’observer les étoiles, hélas, les nuages et la lumière de la ville les rendaient invisibles. En soupirant, elle se contenta de fermer la fenêtre et de retourner sur son lit.

Le volet encore entrouvert laissai une once de lumière se déposer sur son visage meurtri. Une larme coula. Ce fut la seule.

La jeune femme reprit sa position habituelle dans ces cas-là : les jambes serrées contre la poitrine, les bras enserrés autour comme si elle avait peur que quelqu’un les lui arrache, le dessus de la tête contre les genoux. Elle tremblait.

15 Juillet

Le temps passait, les minutes s'égrenaient. Le sommeil finit par la reprendre. Tout allait recommencer...

Des images s'accumulaient derrière ses paupières sur un rythme de plus en plus rapide, révélant au passage les plus grandes souffrances de leur propriétaire. Le corps endormi se tordait sur lui même dans un souvenir de douleur. Le cauchemar s'éternisait, torturant la jeune femme endormie.

20 Juillet

» 3 Rue de l'Impasse Sans Nom
» Marcher sans jamais se tourner.