Aaaah…Amour, quand tu nous tiens…L’amour, un sentiment étrange, presque étranger pour la belle aux mille insectes. J’insiste sur le ‘presque’, car notre amie n’en est pas dénuée. Ou plutôt pas complètement. Elle aimait la nature, elle aimait ses petits hexapodes, mais disons-le clairement : elle s’aimait, surtout. A la manière de Narcisse, elle aurait très bien pu se noyer dans son propre reflet. Elle appréciait également la présence de Shichi à ses côtés, mais de là à savoir si c’était parce qu’elle n’était jamais insensible aux charmes masculins, ou bien si c’était parce qu’elle aimait qu’on s’intéresse à elle, ce n’était pas chose facile. Peut-être y avait-il des deux dans ses sentiments…
Etendue dans l’océan de verdure, Ryomô somnolait. A vrai dire, depuis ce fameux jour où elle s’était retrouvée seule, sans famille, elle glanait et appréciait chaque moment où Amateratsu offrait un ciel d’azur. Les nuages voguaient sur la voûte céleste, une brise légère soufflait par moment, et l’iris de la déesse arrosait copieusement les environs de ses rayons bienfaiteurs. D’ailleurs, les pommettes de l’Aburame rougissaient sous le flot incessant de photons et d’UV. Le coin était pour le moins paisible, et c’était ainsi tout naturel si la délicieuse femme s’en allait au creux des bras du Kami des rêves. C’était là et seulement là qu’elle pouvait accomplir des merveilles, qu’elle pouvait se surprendre à rêver d’un futur meilleur pour elle. J’insiste : Seulement elle !
Si l’on peut difficilement contrôler les situations qui apparaissent dans notre sommeil, notre protagoniste évoluait pratiquement tout le temps dans le même rêve, à peu de choses près. Un moment de flottement dans un univers noir et sombre, puis, quelques instants plus tard, elle se trouvait bras dessus, bras dessous avec un homme terriblement attirant. Ryomô avait toutes les raisons du monde d’apprécier cette situation. Elle souriait, elle rigolait, l’homme écoutait, il s’occupait d’elle…Cependant, elle se sentait oppressée. Elle n’aurait pu décrire plus précisément l’état d’âme dont elle était en proie. L’étranger était certes mignon, adorable, voire même l’homme que toute femme aurait voulu avoir à ses côtés pour le reste de la vie ! Seulement voilà, il était trop attentif à ses besoins, ses envies, trop attachant…En un mot, il était trop parfait. Oui, c’est ça, il était trop parfait. Et la nature humaine fait que malgré le fait que l’on rêve de pouvoir rencontrer le chevalier sur son destrier, on le repousse malgré tout. La faute à quoi ? Ryomô se posait la question, encore et toujours, dans ce rêve, ici et maintenant, alors que le couple mangeait avec envie ces Dangos si appétissants. Le fait est que même si l’on rêve de vivre avec quelqu’un de parfait en tout point, on s’évertuera rejeter le chevalier blanc et à rester avec le sorcier maléfique…Pourquoi ? Cette question la hantait constamment.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive, ma douce ? Tu as l’air pensive… »
« Hum ? Comment ? »
L’homme cherchait à extirper Ryomô de sa torpeur. En pleine réflexion philosophique si l’on peut dire, la compagne finit par en sortir, comme toujours au même moment. C’était réellement un film : Tout se passait exactement de la même façon…Chacun réagissait à l’identique à chaque fois, c’en était presque flippant. De quoi en devenir fou, si ce n’était pas un songe !
« Non, rien, ne t’en fais pas. »
Un sourire timide au bout des lèvres de l’Aburame, cette phrase ne suffisait pourtant pas à détendre le mystérieux jeune homme aux cheveux noisette. Cela l’inquiétait presque sur la tournure que prenait les évènements. Tout au plus voulait-il esquiver et oublier cette dernière remarque, de peur de réveiller quelque chose. Mais au bout du compte, il revenait toujours à la charge, finalement bien trop curieux et à l’écoute.
« Je sais qu’il y a quelque chose qui ne va pas…Raconte-moi. »
« Eh bien… »