Le Râmen Subtil

Po avait l’air dans les nuages, ne présentait aucun signe d’attention. Il était dans ses pensées…
*Que vais-je faire pour passer le temps ? J’irais bien faire un tour à la banque ou me promener dans la foret…*
Le jeune ninja avait le sourire aux lèvres, il a des amis à présent. Toujours dans sa tête, il ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui. Le monde est comme transparent, il est seul avec son Po intérieur.
Quelques instants plus tard le shinobi ouvre les yeux et ne voit plus personne autour de la table.

*Mais ou sont-ils ?? Je me suis égaré dans mes pensées si longtemps ?*

Po rassemble tout son courage pour lever ses fesses de la chaise…

«Après bonne boustifaille, la sieste. Rien de meilleur pour digérer »

Po pris son impair, lourdement, il l’enfile pour ensuite prendre la porte de sortie. Un bayement des plus sonores s’échappe, ses yeux qui se ferment lentement.

Il faut vite que je trouve un endroit ou faire la sieste avant de m’endormir debout... Un banc se trouve près du carrefour, Po part dans cette direction de suite. Il se couche et s’endort pour un petit moment.

‘’ Le Râmen Subtil ‘’. C’était le nom du stand devant lequel je me trouvais, tête levée vers les lettres gravées au-dessus des pans de tissus qui pendaient, marquant l’entrée, l’accès à la salle. C’était le restaurant le plus prisé des ninjas du village, malgré sa modestie, parce qu’il avait la réputation de faire les plats les plus goûteux. Et en ce qui concernait les râmens, je savais que c’était effectivement bien le cas, pour les avoir dégustés deux ou trois fois ici-même. Enfin, cette fois je n’avais pas un rond en poche, il était donc inutile de penser à savourer ne serait-ce qu’un petit bol. Forcément, cela faisait belle lurette que ma mère ne me donnait plus d’argent de poche, parce que j’étais soit disant un homme maintenant et que je pouvais prendre ma vie en main, seul. Seulement, en laissant mon senseï accomplir à ma place ma dernière mission, j’avais aussi laissé filée la récompense, ce n’était qu’un bon, mais changer des armes neuves acquises avec ce bon, contre de l’argent était toujours possible. Raaaah, décidément, j’aurais dû faire un petit effort, à ce moment-là, faire un clonage pour que le lapin soit encerclé, ou une maitrise du chakra pour augmenter mes réflexes … J’y aurais sacrifié un peu de mon énergie, certes, mais j’aurais alors eut de quoi me payer un bol de râmens.
Enfin, ce n’était pas important, puisqu’au final une paresse m’empêchait d’en commettre une autre, non ? Toutes les combinaisons de scénarios ne choisissaient finalement qu’une entorse au règlement, un laxisme, et mieux fallait que ce laxisme arrive avec l’autre professeur : celui que j’avais maintenant m’avait d’avantage l’air susceptible de déclarer la mission échouée et de me trainer devant l’Hokage pour mettre fin à ma carrière de shinobi.

Je me décidais à écarter les pans de tissus qui barraient l’entrée du stand, et m’approchais du comptoir. J’étais resté debout, manifestant mon envie de demander le chef et non pas de commander de quoi alléger ma faim. En attendant que celui-ci arrive, je pris mon bandeau de Genin, toujours dans ma poche, à la main, me préparant à le montrer. Après tout, c’était la seule preuve que j’étais un shinobi de Konoha.

‘’ Que désirez-vous, jeune homme ? ‘’

Je lui montrais mon bandeau, et lui demandais d’une voix que je tâchais de rendre la moins traînante possible :

‘’ Je désirerais parler à Edric, s’il vous plaît. Je sais qu’il vient juste de commencer sa journée, mais j’ai besoin de lui poser deux ou trois questions. ‘’

‘’ Pas de problème, je n’ai pas grand monde ce matin donc je n’ai pas un besoin vital de lui dans l’immédiat. Faites tout de même au plus vite, que sa matinée ne soit pas trop sucrée et qu’il ne soit pas payé à rien faire. Edric ! ‘’

Un grand échalas aux cheveux longs, attachés en queue de cheval, fit son apparition. Une fois que nous nous fûmes présentés l’un à l’autre, je lui indiquais de me suivre un peu à l’écart, sur une murette. Il était mine de rien encore de bonne heure, alors que nous étions un jour où beaucoup ne travaillaient pas et profitaient d’une grasse matinée. Il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes pour surprendre notre conversation, qui était du domaine de sa vie privée.

‘’ Je suis désolé si je remue de mauvais souvenirs, mais je suis à la recherche de votre sœur, Alya. Vous avez déjà fournit le témoignage bateau, et les enquêteurs n’avaient rien poussé très loin, mais moi je compte bien résoudre ça dans la journée, donc … Enfin, je voudrais que vous me racontiez un peu le contexte familial dans lequel elle s’est enfuit. Et je vous en prie, ne me forcez pas à me fatiguer à poser mille questions et à vous cuisinez, j’y perdrais patience : quand les choses deviennent trop longues, je suis facilement irritable et j’en ai marre. Allez-y, s’il vous plaît, racontez-moi tout. ‘’

‘’ A vrai dire, je m’attendais un peu à ce qu’elle s’en aille, vous savez ? Mais c’est une histoire très simple à raconter, c’est vraiment un classique. Elle avait un petit copain, du genre loubard, il se droguait, avait sa petite bande de casseurs, enfin vous voyez le genre ? Mais il était tendre avec elle et était loin d’être ‘con’, il avait juste été forcé de vivre comme il vivait. Elle a voulut prendre un appart’ avec lui, il avait accepté d’abandonner sa misère et de trouver du boulot, et tout ce qui allait avec. Seulement, il fallait qu’ils attendent encore un ou deux ans, qu’Alya puisse quitter la maison de nos parents, quand elle aurait son diplôme et qu’elle serait majeure. Son copain s’est fait cassé la figure, et l’un comme l’autre ils ont décidé que ça ne pouvait pas durer. Elle a disparut … Mais je suis sûr qu’elle est avec lui, d’une manière ou d’une autre, et qu’ils attendent sa majorité pour se greffer. Seulement, si elle ne passe pas les examens de fin d’année, ça craint pour sa fin d’étude et son avenir, ils n’y arriveront pas. Voilà … Vous savez tout ce que je sais, monsieur. ‘’

‘’ Appelles-moi Tadai, nous avons le même âge. ‘’

Dommage que je trouvais la cigarette nocive, sinon j’aurais bien tiré une bonne latte, histoire de faire de la fumée et de me la jouer un peu. Ce rôle d’enquêteur était plutôt sympa, et pas vraiment contraignant, finalement. Juste du blabla, du tri d’informations, remettre un scénario dans le bon sens. Tout ce qu’il me fallait, un truc pas très fatiguant.
Je regardais au dos de la photo. Il y avait un griffonnage concernant le copain, mais visiblement ils avaient arrêtés l’enquête ici : c’était barré six fois avec un stylo noir épais. Ils avaient dû buter sur un os, ici, et ne rien obtenir de lui. Bon, il allait falloir faire mieux qu’eux si je ne voulais pas me retrouver à un travail plus épuisant que celui de ninja de bas niveau.

‘’ Tu pourrais me donner l’adresse et le nom de son copain ? ‘’

‘’ Bien sûr ! En fait c’est pas dur, il habite près de l’académie de musique, le 8, tout au bout de la rue. Son nom, c’est Bunshi. A moins que ce ne soit un surnom … Mais c’est comme ça qu’on l’appelle. Que tout le monde l’appelle. ‘’

Je remerciais Edric, lui serrais la main, et attendis qu’il soit parti pour me coucher sur le dos, sur la murette de pierre. Le soleil m’obligeait à fermer les paupières, mais ainsi nimbé de sa chaleur, je me sentais bien. Je pus réfléchir à mon aise, pendant une bonne demi-heure, et emmagasiner les informations que je venais de recevoir.
Je finis néanmoins par être rappelé à mon ‘devoir’, et m’arrachais à contrecœur de ce petit accès de paresse, de béatitude de l’âme.
Je pourrais en profiter d’avantage avec une glace en main, et comme je n’avais pas un pésos en poche, j’étais bien obligé de terminer cette mission, pour que Kirisu m’en paye une. Alors, direction l’académie de musique ! Ou tout du moins, juste à côté.

Académie de musique