Teruki marchait dans les rues de Suna. Hormis quelques personnes assises ici et là dans quelques bars encore ouvert, et quelques ninjas en patrouille, il n’y avait personne dans les rues. L’agitation qui pouvait régner dans le quartier Touristique pendant la journée n’était plus au rendez-vous, une fois la nuit tombée. Sa cape noire flottant au gré d’un léger vent frais, le jeune Genin se dirigeait vers le Vivarium. L’utilité de ce bâtiment lui avait toujours échappé, mais il savait où le trouver. Ses pas l’amenèrent naturellement vers l’entrée du bâtiment, où il semblait, curieusement, y avoir encore de l’activité. Un instant d’hésitation devant la porte, puis, une inspiration. Il devait passer par là, si cela lui permettait d’apprendre un Jutsu supplémentaire. Il poussa alors la porte, et pénétra dans le Vivarium…
A l’intérieur régnait une certaine chaleur, l’air était lourd et humide. Il devait être difficile de rester longtemps à l’intérieur. Même les rafales brûlantes du désert devaient paraître rafraîchissantes comparés à l’atmosphère qui régnait ici. L’accueil était basique, un comptoir en bois devait servir de bureau, et il n’y avait personne pour s’occuper de l’entrée. Un couloir de chaque côté de la pièce semblait amener vers des salles contenant des vivariums; les portes étaient restées ouvertes, sauf celle qui donnait vers une troisième pièce, et qui se situait à côté du comptoir. Un symbole sur la porte permit à Teruki de deviner que cet espace n’était pas autorisé d’accès aux simples touristes.
« Je peux faire quelques choses pour vous ? »
Légèrement surpris, le jeune Uchiwa se tourna vers sa droite. Là, un homme d’une quarantaine d’année, à la musculature sèche, et au visage fin,se tenait dans l’encadrement de la porte, l’air étonné de voir quelque un à cette heure-ci. Il portait dans ses bras ce qui paraissait être un gros lézard, et qui était en réalité un simple iguane. L’inoffensive créature au sang-froid, blottie contre l’homme, ne bougeait pas d’un poil. L’homme qui s’était adressé à lui replaça sur son nez la paire de lunette qu’il portait, attendant visiblement une réponse à sa question.
« J’ai été envoyé par Ujiu Kaguya, pour un en… »
« Qu’est-ce que cette folle mangeuse d’insecte veut encore ?! »
C’était de la colère que l’on pouvait sentir dans la voix de l’homme. Visiblement, il n’appréciait pas la Jounin. Ce que Teruki comprenait parfaitement. Le corps parcouru de légers tremblements, qui tendait les veines de son cou, l’homme caressait nerveusement l’Iguane qu’il portait. Oui, c’était bien de la colère. Sinon de la Haine. Un léger sourire naquit sur les lèvres du jeune Uchiwa. Il allait peut-être être obligé de menacer cet Homme. Peut-être même allait-il devoir utiliser la force. Fort heureusement, il n’avait pas l’air d’un Ninja, et sa faible musculature ne laissait en rien présager un quelconque talent pour le combat.
« Elle m’envoie m’entraîner. Je dois.. Disons m’habituer au contact des insectes. »
« Oh.. La Boite… »
L’Homme jeta un regard noir vers la porte, celle qui était fermée. Visiblement, Teruki n’était pas le premier Ninja a suivre cet entraînement. Quel en était l’intérêt ? Après tout, il était là parce que qu’Ujiu ne savait se servir que de ses muscles, et non de son cerveau, et que le Genjutsu était quelque chose d’incompréhensible pour elle. Alors pourquoi d’autres Ninjas venaient s’entraîner ici ?
« Venez. Je vais vous faire visiter. Je dois encore nourrir certains de mes protégés, j’en profiterais pour vous les montrer. »
Bien que pas spécialement enthousiaste, Nezu marqua son approbation d’un hochement de tête, et emboîta le pas à l’homme. Ce dernier lui ouvrit la porte située près du comptoir, et lui fit pénétrer dans plusieurs salles, les nommant au fur et à mesure. Salle de reproduction, où il déposa l’Iguane, Réserve, où il se chargea les bras de boîte en tout genre, salle du personnel, et enfin l’Infirmerie… C’est dans cette dernière salle que le poison était entreposé. Ren, comme il s’était présenté, lui expliqua que c’était là qu’il serait mis en boite. Et que c’était également là qu’on soignait les pensionnaires du Vivarium, et qu’on leur retirait leurs glandes à poison…
Puis, Ren emmena Teruki dans la partie que le public pouvait visiter. Là, des dizaines de vivariums et leurs occupants étaient visibles. Visiblement passionné, le vieil homme ne tarissait pas d’éloge sur ses protégés, parlant avec ardeur des techniques de chasse d’un tel, et de la virulence du poison d’un autre. Nezu tomba nez à nez avec un Vivarium contenant plusieurs rat de belle taille, qui dormaient, tous blottis les uns contre les autres. Le jeune Uchiwa ne put s’empêcher de rester un instant devant la vitre, contemplant les rongeurs, avant de se redresser. Il avait vu Ren sortir un serpent de sa cage de verre.
« Tenez. Une vipère commune. Il y en aura quelques unes dans la Boite. »
Froid, silencieux. Mais pas gluant. La peau pleine d’écaille du serpent était agréable au toucher, et était différente des à priori que l’on pouvait en avoir. Teruki, sans peur, laissa le reptile s’enrouler autour de son avant-bras, sentant les muscles de l’animal rouler sous les écailles. Ce serpent de 60cm était fait de muscle et de nerf. Calme, et sûr de lui, l’animal cherchait la chaleur du corps du jeune Uchiwa, sans le moindre signe d’agressivité. Il se laissa remettre en boite sans problème, retrouvant avec plaisir la chaleur de sa demeure…
Puis, ce fut le tour des insectes et arachnoïdes. Plus vif, plus velus. Des carapaces noires et luisantes, des pattes s’agitant avec frénésie, des antennes caressant sa chair avec avidité. Scolopendre. Blatte. Mantes Religieuses. Phasmes. Cafards. Perce-Oreille. Grillon. Scorpions. De la plus commune des araignées aux plus grosses mygales. Certains n’étaient pas plus gros q’un Gils. D’autres avaient la taille de son poings. Et Teruki se rendit compte que les insectes lui procuraient un dégoût plus grand que les reptiles. Ce n’était pas de la frayeur, mais cet avant-goût de la Boite n’était pas très rassurant.
« Voilà ce que je mettrais dans la boite. J’éviterais puces et fourmis, car sinon, je vais en être infesté. Dites moi dès que vous êtes prêt. »
« Allons-y. »
Ren eut un léger sourire, devant l’audace et le courage de Teruki. Car ce que le jeune Uchiwa ne savait pas, c’était que nombre de Ninja s’essayaient à ce supplice, pour tester leur sang-froid. Et le vieil homme avait déjà entendu quelques uns des plus grands ninjas le supplier en pleurant de bien vouloir les sortir de la Boite. Il ne s’y était jamais essayé lui-même. Il n’avait pas peur du noir, ni de ses protégé, mais il souffrait de claustrophobie. Et, de plus, il savait que cette épreuve difficile causait souvent la mort de plusieurs insectes. Ce qui lui brisait le cœur.
L’infirmerie était un lieu peu rassurant. L’air ambiant sentait les produits de soin, l’alcool, comme dans les hôpitaux. Et, au centre, éclairé par quelques lampes blanches, une boite, métallisée, dont l’ouverture se faisait par le dessus, grâce à une échelle. Plusieurs trappes sur les côtés servaient à y glisser les insectes. La boite était suffisamment grande pour un homme debout. Mais il y avait guère plus de place, et il n’y avait que quelques trous pour l’aération. Un cauchemar pour Ren. Le supplice de ceux qui y entrait.
C’est pourtant sans appréhension que Teruki y pénétra. Elle était vide, pour le moment, offrant ses parois métalliques froides pour seules contacts avec la peau frissonnante du jeune Homme. Ce dernier tâchait de ne penser à rien. Il faisait sombre, et il fit noir lorsque Ren ferma le couvercle. Nezu était maintenant enfermé. Encore relativement calme, le Uchiwa se concentra, écoutant le vieil homme s’éloigner, pour revenir rapidement. Une trappe s’ouvrit brutalement aux pieds, et, avant qu’il n’ait eut le temps de voir ce qui était glissé à dans la boite, l’obscurité revint. Mais pas le silence. Sifflements. Contacts froid avec sa peau. Plusieurs choses grimpaient le longs de ses jambes, sur ou sous sa cape, cherchant à bénéficier de la chaleur de son corps. Des serpents. Cela lui convenait encore, et, malgré l’inquiétude première qu’il avait ressenti, il retrouva rapidement son calme. Les reptiles ne bougeaient presque plus, se réchauffant lentement. Mais une trappe s’ouvrit de nouveau. Puis une autre. C’est ainsi que, en quelques instants, la boite fut remplie.. D’invité.
Sang-froid. Calme. Contrôle. Assurance. Ses mots ne signifiaient plus rien. Teruki, les yeux fermés, étouffa un gémissement. Il sentait des dizaines de créatures grouiller à ses pieds. Certaines lui sautaient dessus. D’autres commençaient leur lente escalade. Elles grimpaient, courant sur sa peau, sur ses vêtements. La respiration du jeune Uchiwa se fit plus forte, plus saccadée, tandis que la panique montait en lui. Quelques larmes humidifièrent ses yeux. Il était dans un état second, incapable de penser, chacun de ses muscles crispés par la Terreur. Une peur profonde et absolue, qui venait du plus profond de lui-même…
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« Tu crois qu’on les a tous eu ? »
« Oui. Tous. »
« Fichus Uchiwa… Ils nous ont donné du fil à retordre... »
Tous mort. Non, pas tous. Il restait un jeune garçon, d’à peine quelques années. Allongé sur le ventre, dans la boue, à peine recouvert par le corps de ses parents. Blessé au front, il saignait. Ou bien était-ce le sang de ces parents qui lui coulait sur le visage ? Il n’en savait rien. Il venait de connaître la peur. La Terreur. Il venait de voir son clan se faire massacrer. Ses amis. Ses parents. Ses oncles, ses Tantes, ses Cousins.. Tous… Il y avait du sang dans la Terre, du sang sur ses vêtements…
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Teruki revint brusquement à lui, gémissant, plein de sueur. Un scolopendre géant, atteignant aisément une vingtaine de centimètre, cherchait à se glisser entre ses lèvres. Une Mygale, quand à elle, avait trouvé refuge entre ses deux omoplates et il sentait le corps velu de l’arachnoïde collé à sa peau. Les serpents, eux, bougeaient peu. Contrairement aux blattes, qui semblaient faire une course sous ses vêtements. C’était horrible. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là. Chaque battement de cœur, chaque respiration lui paraissait être une éternité. Il était là, dans le noir, sentant sa propre puanteur, ne voyant rien, mais ressentant chaque mouvement des insectes sur lui. Il entendait les raclements, les bruits de courses sur le sol métallique, et ses propres gémissements.
« Gamin ? Ça va ? »
« Je veux sortir. »
Il avait voulut prendre un ton posé, calme, mais sa voix trahissait la panique qui s’était emparée de lui. Il entendit un bruit, puis sentit la lumière, de nouveau, sur lui. Il n’osa pas regarder à ses pieds, il n’osa pas regarder s’il s’était ou non fait dessus. Il était trempé de sueur, et recouvert d’insectes. Sans un mot de plus, il sortit de la boite, et se déshabilla précipitamment. Ren l’aida à se débarrasser des insectes qui restaient dans ses vêtements, les remettant dans une boîte en verre. Puis, sans un mot lui non plus, le vieil homme accompagna le Uchiwa jusqu’à la salle du personnel, où il lui fit signe de s’asseoir. Teruki prit quelques instants pour se rhabiller. Il ne s’était pas fait dessus, c’était déjà cela, mais se sentait épuisé par l’afflux d’émotion qui l’avait submergé et le submergeait encore.
« Chapeau, Gamin. Je ne t’ai pas entendu, et t’as pas bougé d’un poil. T’as du cran. »
Du cran ? Nezu leva vers Ren des yeux encore rougis par les larmes. Il avait eu du cran ? Ce qu’il y avait eu dans cette boite.. Avait été horrible. Il se rappelait de chaque contact, de chaque bruit… Cette expérience allait rester à jamais gravée en lui. Il se souviendrait à jamais de la peur panique qu’il avait éprouvé. Cette même peur qu’il avait ressenti lorsque ces hommes avaient tués sa famille. Ren apporta du thé chaud, et quelques biscuits au jeune homme, qui en profita pour se restaurer un peu.. C’était un peu comme-ci ce qu’il avait vécu dans la Boîte l’avait épuisé.
« Combien de temps y suis-je resté ? »
« Une Trentaine de minute. Facilement. Peu tiennent aussi longtemps.. »
Trente minutes d’horreur. Il avait du perdre un peu connaissances, car il ne se rappelait pas être resté aussi longtemps dans la Boite. Chaque instant n’avait été que peur, chaque respiration n’avait été que lutte, chaque battement de cœur une douleur. Et il était là, encore tremblant, buvant son thé. Ren l’observait, admirant ce jeune homme, encore un adolescent, qui avait montré une force de caractère et une volonté surprenante pour son âge. Et qui semblait se rétablir particulièrement vite.
« Restes un peu ici si tu veux. Je dois entretenir mes protégés. »
Une invitation qui tombait bien. Teruki sortit de sa cape le livre que lui avait donné Ujiu, sur la terreur. Il l’ouvrit, et commença sa lecture…
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La peur.
La peur que l’on éprouve lorsque l’on craint pour sa vie, ou celle d’un être cher. La peur que l’on ressent lorsque le danger est bien présent, ou lorsque l’on pense qu’il arrive.
Peur de l’inconnu, de ce que l’on ignore, qui peut déclencher la curiosité ou la panique.
La peur est naturelle, universelle. C’est sa gestion, et son intensité, qui sont problématiques.
La crainte peut entraîner la peur. Il est normal de craindre, pour un Ninja, et même d’avoir peur. Mais il faut savoir gérer sa peur…
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Cela faisait bientôt trois heures qu’il était parti. Il avait accompli ce que lui avait demandé Ujiu. La lecture du livre ne lui avait que peu apporté, mais elle l’avait calmée. Elle lui avait toutefois permis de relativiser son expérience, et de la théoriser. Il avait analyser ce qui lui était arrivé, s’en était un peu détaché, créant une distance entre ce qu’il avait vécu, et ce qu’il vivait à présent. Mais la simple pensée de la boite était la cause de frissons.
Teruki remercia Ren, et s’en alla. Il pensait maintenant à ce qu’il avait appris, et ce qu’il allait pouvoir en tirer. Tout ce qu’il avait ressenti.. Il le ferait ressentir à d’autres. La terreur qu’il avait éprouvé allait devenir une arme terrifiante. Il comptait bien utiliser le Genjutsu à cet escient. Il apprendrait cette technique, et puis d’autres. Il avait connu la peur, et l’avait affronté. Il aurait été arrogant de dire qu’il l’avait vaincu, mais, maintenant qu’il l’avait rencontré, et qu’il s’en rappelait, contrairement à sa prime enfance, il allait pouvoir en tirer plusieurs enseignements…