Chemin de randonné autour du village : 20 km

Maison de Choji

Il se sentit con avant même d'avoir fait vingt mètres. Dire de telles choses à ces parents … Son père, un homme empli de sagesse et de courage. Sa mère... toujours un mot gentil. Il avait laissé exploser sa colère, sa rage insouciante ce soir là. C'était la première fois, la toute première fois de sa courte vie. Il n'était pourtant pas calmé. Au contraire, il était complètement perdu, plein de choses se mélangeaient dans sa tête.
D'abord il avait honte, honte d'avoir laissé sa colère s'échapper sur les mauvaises personnes. C'était lui et lui seul le responsable. Il était toujours aussi énervé envers lui même après son échec à l'examen et surtout à cause du fait qu'il avait abandonné Shiro à son sort en plein combat. Il était aussi fatigué après toutes ces épreuves. Il avait aussi quelque part envie de faire demi-tour pour aller s'excuser et prendre sa place à table aux côtés de ces parents... Toutefois … il ne se sentit pas le courage de faire cela. Il marcha un bon quart d'heure. Ces idées volants en tout sens dans sa tête. Il allait devenir fou si cela continuait ainsi. Il prit une décision. Il allait s'entraîner … Toute la nuit !

*Ok !*

Il ne s'arrêta pas là, il se fixa un premier objectif pour les prochaines heures. Il allait améliorer grandement sa vitesse ! Il allait faire un footing du tonnerre. Son objectif était de ne pas s'arrêter de courir jusqu'à avoir fait le tour complet du village, par le grand sentier de 20 kilomètres. Un défi de taille à la sortie d'un examen, un défi de taille surtout pour lui et ces compétences nulles dans ce domaine, mais ce soir, ce ne serait que son échauffement !

*Allons-y*

Il partit d'un pas conquérant. Il n'avait jamais fait de footing et n'avait aucune idée de ce que représentait 20 kilomètres. Il était loin de s'imaginer à quel point il allait souffrir. Même dans ces pires cauchemars, ceux où des méchants lui mettaient de force une ceinture jaune au pouvoir diabolique : Celui qui portait cette ceinture ne pouvait plus jamais l'enlever et n'arrivait plus à avaler le moindre aliment... Horrible ! Mais même dans ces cauchemars où il se retrouvait à assister à des banquets à son honneur sans qu'il puisse rien manger, même dans ces cauchemars là il n'atteignait pas le dixième de ce qu'il aurait à endurer cette nuit là. Il suivit donc le sentier en pleine forêt. Il avait déjà fait deux cent mètres. Le froid et la solitude lui pesaient... Il se mit à penser à des choses peu agréables.

C'était il y a des années déjà, c'était le début de l'été et le soleil était haut dans le ciel. Un temps parfait pour aller jouer dehors. Pourtant, il restait à l'intérieur à ne rien faire des heures entières. Malgré les demandes incessantes de sa mère, il ne voulait pas aller dans le quartier et pour cause il n'avait pas d'ami avec qui jouer … il n'avait pas d'ami tout court de toute manière. L'unique et seule fois où il avait eut le courage de demander s'il pouvait jouer avec eux … ils l'avaient détaillé du regard, lui et ces kilos en trop et avaient refusé. Il avait donc passé toutes ces années seul, soit à l'intérieur, soit dans son jardin à s'enchanter de tout et de rien, mais seul.

Il était certain d'avoir fait cinq bons kilomètres lorsqu'il tomba sur une petite pancarte éclairée par la lune qui venait de faire son apparition. Cette pancarte indiquait : 1 km. Il résista il ne savait comment à une forte envie de s'arrêter de courir et de renoncer à ces idées stupides. Il continua toutefois. C'était si long que cela 1 km ? Il ne savait pas encore à quel point les suivants seraient encore plus long.

*Plus que 19*

C'était peut être cette volonté qu'il avait de s'opposer fortement à cette idée qu'il s'était approprié depuis des années, depuis le début de sa scolarité, quasiment. Cette idée consistait à se considérer clairement comme un moins que rien. Il accéléra un peu l'allure. Il voulait arrêter de penser à ces idioties du passé, mais c'était assez difficile, sachant que le présent n'avait rien d’intéressant.

Il repensa à l'examen à ce moment où le kage mane se retira et où Shiro Yamanaka tomba sur le sol sans porter la moindre résistance à la pesanteur. Il tomba comme une masse. Sa tête heurta le sol dans un bruit sourd. Il saignait de partout alors que cette ombre le quittait et rejoingnait son propriétaire … Hishigi Nara.

Repenser à cela lui mettait les larmes aux yeux. Il reprit sa course de plus belle, son allure était maintenant endiablé. Il avait besoin de courir encore plus vite, pour ne penser à rien et à n'avoir rien d'autre à se demander que si son cœur allait finir par exploser ou non. Il faisait maintenant nuit noire et lorsqu'il entendit des gens parler à quelques mètres de lui, il sursauta. Il avait beau avoir dit qu'il allait s'entraîner toute la nuit, il n'était pas loin de renoncer à tout à cet instant et de faire demi-tour.

*Tu n'as rien à craindre*

Il continua, se persuadant que c'était juste parce qu'il faisait nuit qu'il avait peur, simplement parce qu'il écoutait trop ces histoires, celles où un malheur finissait par avoir lieu lors d'une ballade en pleine nuit. Il passa devant les personnes en question. Elles avaient l'air un peu éméché mais il ne dit rien et continua. Elles ne bronchèrent pas. Il transpirait à grosses goutes, comptant d'avoir échappé à ce qu'il pensait être une mort certaine. Il était convaincu d'avoir raté le panneau indiquant les deux kilomètres. Il essayait pourtant de faire attention à ce genre de choses mais la nuit était son ennemi dans cette tâche. Soudain, il vit un panneau, il espérait presque y voir écrit quatre kilomètres dessus. Pourtant, c'était 1,5km qui était écrit sur cette pancarte. Il était assez désespéré suite à cette nouvelle.

*Plus que 19*

Il continua, longtemps, très longtemps, essayant de se raccrocher à ces objectifs et ces raisons. Pendant près de quinze minutes il eut un point de côté, mais celui-ci avait fini par disparaître, comme si le point de côté avait comprit qu'il n'arriverait pas à le déconcentrer. Choji accélérait parfois l'allure et se mettait à serrer le poing de rage. Il y avait fort à parier que c'était à chaque fois que l'image de Shiro devant son miroir lui revenait à l'esprit.

Il en était maintenant à dix kilomètres. C'était un exploit d'avoir pu faire autant. Choji le savait, ces muscles et son cœur aussi, mais il voulait continuer. Aller au bout n'avait pas de prix.

Deux heures, cela faisait deux heures qu'il courait. Il ne le savait évidemment pas. Il n'arrivait plus à voir les panneaux indiquant les kilomètres. Quatorze ? Quinze ? Seize ? Il n'en savait rien. Il espérait simplement en avoir fait le plus possible.

Il entendit un bruit. C'était des voix humaines. Son inquiétude réapparut.

Il avait mal partout. Ces jambes étaient du béton, ses poumons une usine rejetant une tonne de dioxyde à la seconde. Il respirait donc bien plus fort qu'une femme en train d'accoucher de triplets. C'était à ce moment donc qu'il avait entendu des voix. Si tard dans la soirée, ce n'était pas très rassurant. La nuit noire n'avait rien de rassurant, tout comme le silence de la nuit si brutalement coupé. Choji avait peur, très peur. C'était assez inexplicable car en plein jour dans la même situation il aurait certainement continué sans route sans se poser de question, mais là, avant même de croiser le regard de ces personnes, il tremblait déjà. Il repoussa d'un geste cette sensation et se dit qu'il n'allait pas se laisser guider par des peurs non raisonnées. Il continua. Lorsqu'il vit leurs visages, il comprit qu'il avait peut être fait une erreur. Ils étaient sous comme des pots. L'un d'eux se jeta sur lui :

« Et toi. Pourquoi tu me regardes comme ça ? »

« Il est super gros, non ? »

Choji surprit que des gens aussi bêtes puissent exister, fronça les sourcils. Pensaient-ils vraiment ce qu'ils disaient ? L'un d'eux le poussa et Choji tomba comme une masse, à bout de fatigue. Presque content de pouvoir être allongé sur le sol, il ne bougea pas tout de suite, réalisant à quel point ces jambes étaient si lourdes. Il ne réagit qu'une fois qu'un coup de pied lui arriva dans le ventre. S'il ne faisait rien, il allait être salement amoché. Il essaya de se relever, mais il fut poussé à nouveau au sol, clairement et simplement. Il tomba sous les rires de ces abrutis. Il se sentit clairement con de ne pouvoir rien faire, la tête à la hauteur des chevilles de ces ennemis qui ne se privèrent pas d'attaquer. Ils hurlaient des insanités et des grossièretés blessantes et cruelles. On aurait dit des obsédés de violence sous l'emprise du diable en personne. Soudain, il fut prit dans un genjutsu, l'horreur … Il vit du sang partout et sentit le noir envahir son environnement. Il se sentait seul, et perdu. Il allait mourir, en tout cas, c'était devenu quelque chose qui était presque mérité, comme s'il venait de voir tous les malheurs du monde et qu'il s'en sentait responsable. Le genjutsu s'arrêta et la dure réalité lui apparut. Ces hommes étaient des petits ninjas, tout comme lui. Ils étaient simplement cons. Il sentait leur haleine infame et faillit tomber dans les pommes. Il avait mal partout, un homme avait sortit un sabre et s'apprêtait à lui entailler les joues. Il hurlait qu'il voulait lui faire un maquillage d'indien. Choji était paralysé devant cette lame. S'il bougeait il lui crèverait les yeux sans s'en rendre compte. Du coup, il se laissa cisailler les joues, sans rien faire, ces yeux s’agrandissant de terreur. Il voulait faire quelque chose … mais quoi ?

*Qu'est-ce que ? … Qu'est-ce que je peux faire ?*

Mais soudain … Il ne vit qu'un pied s’élever au dessus de lui. Il posa les mains sur le sol et libéré de ces ennemis essaya de se relever. Il devait avoir l'air d'un vieux, mais le sang qui coulait le long de ces vêtements déchirés permettait de bien saisir la situation. Il vit soudain son sauveur … ou plutôt … sa sauveuse et la première fois où il l'avait rencontrée lui revient en mémoire...
C'était au retour du village de Suna, ils avaient fait une longue marche avec Mono et San et cent mètres après s'être séparés, Choji avait trébuché et perdu connaissance, il était dans un état de tel fatigue qu'il serait resté là des heures, à perdre complètement le reste de son énergie et à tomber malade comme un chien, au moindre microbe s'approchant à moins de cinquante mètres. Cependant, il s'était réveillé quelques heures plus tard dans un lit douillet de l'hôpital de Konoha. Une fille se tenait dans un coin de sa chambre et quelqu'un lui indiqua que c'était cette fille qui l'avait porté jusque là. La distance qu'elle avait parcourue était grande et l'avait porté, lui, tout en marchant. Choji était resté longtemps la bouche ouverte en regardant cette fille. Ils n'osèrent rien se dire et de mémoire le genin avait bredouillé un simple merci avant que la jeune fille ne parte en courant, gênée. Il ne l'avait plus jamais revu jusqu'à aujourd'hui … En la regardant se battre on ne voyait nullement son côté timide, elle était impressionnante, puissante et féline comme un guépard. Elle semblait presque frapper avec douceur, mais les adversaires grimaçaient lourdement à chaque coup reçu. Choji serait resté longtemps hypnotisé par ce qu'il voyait si la situation n'avait pas mal tournée.
Car, soudain, un homme avait réussit à atteindre la belle jeune fille par derrière, il l'avait frappé sur la tête. Elle tomba et tous se ruèrent sur elle. Choji aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Il frappa de toutes ces forces tous ceux qui étaient à sa portée. Il devait avoir l'air d'un psychopathe avec ces jambes lourdes et boiteuses, avec sa transpiration qui coulait à flot sur son visage et surtout avec le sang qui brillait clairement sur chacune de ces nombreuses plaies. Il frappa et frappa encore comme si sa propre vie et celles de tous ces amis en dépendait. Il ne s'en serrait jamais sortit si la jeune fille ne s'était pas relevée. C'est ensemble qu'ils finirent ce combat par une victoire. Choji s'effondra. La jeune fille attacha les imbéciles à un arbre. Elle allait à nouveau transporter l'Akimichi à l'hôpital lorsqu'il se releva. Il avait une idée en tête. Elle était complètement débile et sans aucun sens, mais elle était là quand même.

*Continues. Continues. Continues. Continues.*

Ces jambes étaient lourdes, mais il essayait de se convaincre que ce serait les premiers mètres qui seraient difficiles et que les autres iraient tout seul. Il se mit en route. Derrière lui, la jeune fille souriait. Un sourire qui aurait pu vouloir dire qu'elle venait de se rendre compte à quel point le genin était fou. Son sourire s’effaça soudain lorsqu'elle vit le sang continuer de couler sur ses deux jambes. Il risquait gros. Choji sentit un gros point de côté au bout de vingt mètres. Il n'arrêtait pas de répéter le mot « continues » à voix haute, de peur de s'écrouler sinon. Il avait l'impression que son ventre allait exploser. Il ne voulait pas non plus regarder ces plaies, de peur de reconnaître qu'il ferait mieux de s'arrêter. Il ne voulait penser à rien, c'est aussi pour cela qu'il répéter ce même mot sans arrêt. Au bout d'un long long moment, il se reconnu. Il savait que l'arrivée n'était pas loin. Quel soulagement. Il sentait un sourire et une joie incommensurable l'envahir. Il s'écroula sur la ligne d'arrivée et s'endormit quelques minutes plus tard. Il était très tard dans la nuit. Soudain, il se réveilla, il entendit un bruit. Cela ne faisait que quelques minutes qu'il s'était assoupi. C'était la jeune fille qui voulait l'amener à l'hôpital.

« Je veux … Je veux m'entraîner. »

Il se réveilla à l'infirmerie. Elle l'avait finalement amené malgré tout. Il se sentit un peu bête. Ces jambes étaient très lourdes, il les étira longuement et se rendit compte qu'il avait un bandage tout autour du ventre. Il se leva et aperçu la jeune fille de la veille. Elle était en train de dormir sur une chaise, dans sa chambre. Il la trouva très belle et se la remémora en train de se battre, la veille. Il sourit et retourna sur son lit. Il allait attendre qu'elle se réveille. Il se mit en tailleur et ferma les yeux à moitié. Il essaya de ressentir l'ensemble de son chakra.
Elle se réveilla peu de temps après. Il se leva et dit ce qui avait germé dans son esprit depuis la veille :

« Entraînes moi, s'il te plait. Apprends moi à me battre comme toi. »

Elle secoua la tête avec vivacité. Ces yeux semblaient dire quelque chose, comme je ne peux pas où je ne pourrais jamais. Il fronça les sourcils. La jeune fille fit mine de sortir, elle semblait encore plus gênée que lui et voulait partir. Il insista :

« Entraînes moi ! Je suis prêt à faire n'importe quoi pour que tu dises oui. »

Elle le regarda bizarrement, on aurait dit le regard d'un clochard pour un enfant qui lui parlait en toute innocence. Non pas, parce qu'elle n'avait pas de domicile, mais parce qu'elle n'avait pas eu la vie facile. Elle n'avait toujours pas dit un mot depuis qu'il l'avait vu pour la première fois. Elle fit un signe étrange avec sa main droite, elle l'a mit à la hauteur de sa gorge et fit un geste sec, la main à plat. Choji la regarda, ces yeux s'agrandirent. Il ne comprenait vraiment pas. Elle voulait le tuer ? Oui, c'était sûrement cela, elle voulait le voir mort.

« Tu veux me tuer ? »

*Pourtant c'est la deuxième fois qu'elle me sauve la vie...*

Elle le regarda surprise. C'était sûrement la première fois qu'elle tombait sur quelqu'un d'aussi naïf qui ne comprenait pas ce qu'elle voulait lui dire. Elle recommença une nouvelle fois, puis une autre encore. Rien n'y changea, il ne comprenait pas et commençait à la prendre pour une folle. Elle abandonna. Elle sortit alors de sa poche un calepin et nota quelque chose à regret.

Citation :: Je suis muette.

Choji accusa le coup, à la fois parce qu’il avait mit une plombe à comprendre, mais surtout parce qu’elle était là face à lui et qu’il ne savait quoi lui dire. Il garda le silence un moment avant de dire, finalement:

« J’aimerais vraiment que tu m’entraînes. »

*Mon sensei est en prison et dans le cas où je m’entraînerais tout seul, je ne progresserais jamais aussi bien. Je resterais toujours avec mes techniques basiques. Ce n’était pas comme Hishigi, en prenant cet exemple au hasard, qui lui, avait déjà été élu maître des dragons.*

Elle sourit.

Citation :: Je m’appelle Chuki Hatoki. On se retrouve à l’aire d’entraînement dans une heure ?

Choji hocha la tête, tout heureux.

« Choji Akimichi, je m’appelle Choji Akimichi. A tout à l’heure. »

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