Entrée et Vestiaires

Ecole de musique

J’étais déjà allé aux thermes, une fois, quand j’étais un peu plus jeune. Mes pas m’y avaient conduit par hasard, à vrai dire. J’étais jeune et innocent, et j’avais vu une petite fente dans une palissade, où river mon œil droit. Manque de bol, une surveillante m’avait attrapé et en avait informée ma mère. Cette dernière avait autorisée la vieille guetteuse à me faire nettoyer quelques sols comme punition. Stupide punition, cela va sans dire, mais ce n’était alors pas de mon ressort de protester et de juger. En plus, je me suis endormi pendant un de ces jeux de lavage, et la harpie avait tempêté si fort que j’ai eu l’impression de perdre une oreille.
En ce qui concernait la mission, j’avais fait un détour fatiguant par chez moi, pour m’emparer de quelques biens matériels appartenant à ma mère, qui m’avait regardé faire avec un sourire. Son fils se décidait à mener une mission à bien ! Si elle savait pourquoi je me munissais de tout ça … Enfin, dans un sens c’était bien pour ma mission. Vous verrez bien, vous aussi, de quoi je parle, si ça ne tourne pas dans le sens pédagogique et diplomatique que mon senseï m’avait demandé. Après tout, le point le plus important était de ramener la fille à ses parents, n’est-ce pas ?
La vieille dame aigrie, à l’entrée, me considéra d’un mauvais œil qui manqua de faire chanceler ma détermination précaire.

‘’ Bonjour ! Je suis shinobi. Je recherche une jeune femme qui travaille ici depuis quelques jours. Elle n’est pas encore majeure mais travaille à mi-temps si je ne me trompe pas. Elle s’appelle Alya. ‘’

‘’ Je savais que j’aurais dut la refuser quand j’ai vu ses papiers, qu’il y avait quelque chose de pas net. Ah, la trainée ! Je vous l’amène, elle va prendre mon pied au cul celle-là ! << Je veux être indépendante et aider mes parents >>, mais bien sûr ! Des cracks ! ‘’

‘’ Non, non, calmez-vous, elle n’a rien fait de mal. J’ai simplement besoin d’elle pour éclairer une affaire dont elle est mêlée plus ou moins directement, ne vous méprenez pas. ‘’

‘’ Ah … Bon, je suppose que c’est bon alors. Elle est en train de nettoyer le vestiaire 3, il n’y a personne d’autre dedans pour le moment, on n’ouvre que deux vestiaires à la fois en général, vous pouvez y aller. ‘’

Je m’y rendis donc du même pas, après avoir remercié la dame. Je venais un peu de lui sauver la mise, à ma cible, parce que d’autres n’auraient pas eut les mêmes scrupules que moi. Enfin, c’était surtout fatiguant de devoir assister à certaines scènes et de cuisiner quelqu’un qui n’est pas disposé à vous écouter. De cette manière, j’aurais plus de chances de réussite rapide.
En ouvrant la porte du vestiaire, je la vis. Et là, je la saluais. Mon cerveau tournait à plein régime, j’échafaudais déjà un plan, pour qu’elle ne s’échappe pas, ne se rétracte pas, accède à la demande de ses parents.
Elle me sourit, un peu hésitante, mais je la coupais en lui faisant signe de s’asseoir sur le banc et en lui montrant mon bandeau.

‘’ Tadai Kuroro, shinobi de Konoha. Je voudrais vous parler, Alya. ‘’

Elle hésita, jeta un coup d’œil sur l’unique sortie, derrière moi, et sur les fléchettes glissées à ma ceinture. Finalement, avec un soupire, elle obtempéra. Je me mis assis en face d’elle.

‘’ Bon, vous n’ignorez pas pourquoi je suis là, je me trompe ? Vos parents s’inquiètent, je pense qu’il est temps de terminer ici ce petit jeu. Je comprends votre position, mais vous n’êtes légalement pas autorisée à vous barrer comme ça : quand tu auras ta majorité, tu feras ce que tu veux, en attendant il faut rester chez tes parents. Je pense que l’expérience les a traumatisés, ils accepteront de parler de ton copain, et te laisseront travailler à mi-temps. Tu ne peux pas gâcher tes études, de plus, vous en pâtiriez tous les deux. ‘’

‘’ Je ne veux pas revoir mes parents. Ils ont été odieux avec Bunshi, et papa a dit que si je continuais à le voir, il m’enfermerait chez nous et me ferait accompagner par des gardes du corps tout le temps pour que je ne dérape pas. Mais Bunshi va changer ! Il me l’a promit ! Et ils ne veulent pas comprendre … ‘’

‘’ C’est ce que je te dis : je pense que l’expérience les fera réfléchir, tu pourras dialoguer avec eux, tes parents ne sont pas stupides. ‘’

‘’ Laissez tomber, je les reverrais quand je serais majeur. Mon concours, je le repasserais quand je serais officiellement de retour dans la loi. Ce ne sont que quelques années à attendre pour que tout rentre dans l’ordre, et je n’aurais plus à me passer de Bunshi. ‘’

‘’ On ne fait pas toujours ce qu’on veut, Alya. Moi, là, je préférerais manger une glace en contemplant l’herbe qui pousse dans un pré fleurit. Seulement, je suis obligé de faire ma mission, de te raisonner et te ramener à tes parents. On a des cartes, et on joue ces cartes comme il nous semble, c’est le destin qui distribue, et nous qui gérons la partie, tu vois ? Seulement, là, tu joue avec des cartes qui te mènent vers une mauvaise fin de partie. Discute avec tes parents, tout s’arrangera. ‘’

‘’ Tu ne penses même pas ce que tu dis, tu le dis seulement parce que tu es obligé de le faire, que c’est ta mission. Tu l’as dit toi-même. Je refuse de rentrer. ‘’

‘’ Tu me saoules. Tu l’auras voulut. T’es en état d’arrestation. ‘’

Je lui passais les menottes sans qu’elle ait le temps de réagir, liaient ses chevilles, puis lui collait un bâillon dans la bouche. Ceci fait, je la balançais dans un sac de toile, et la chargeais sur mes épaules. J’avais de la chance : elle n’était pas très lourde.
La méthode était peu diplomatique, mais ainsi ligotée elle ne m’embêterait pas sur le trajet et je passerais à peu près inaperçu auprès de la guichetière, qui la réembaucherait avec quelques excuses pour avoir dû s’absenter et ne pas avoir prévenu.
Fier de ma mission qui allait réussir, je m’orientais vers l’académie. J’allais avoir une glace, et j’avais réussi une mission, pas si terrible finalement. Ah, comme l’air embaumait !

Académie