Aire d'entraînement n°32

[Clarisse: Technique acquise]

Un homme marchait d'un pas militaire dans la forêt. Il avançait vite et sans hésitation. Il savait où il allait : l'aire 32. Il savait aussi ce qu'il devait y faire. En fait, il occupait l'emploi de messager pour le compte du village de la feuille. Ce n'était pas un métier ingrat, non, cet homme avait toujours aimé voyager, voir de nouveaux paysages et de nouvelles personnes. Il était ravis. Il sourit en arrivant sur l'aire d'entraînement. Il demanda:

"Bonjour à tous les trois. Je cherche Hizuki Akimichi, votre sensei."

Il continua, emporté par son élan et ses ardeurs:

"Je dois lui transmettre un avis de mission qui doit commencer demain. Ce sera pour l'un de vous trois normalement. Le plus motivé sûrement. Bref, je parle trop, vous savez où je peux le trouver ?"

Clarisse avait à peine fini de formuler sa question à Kusha, qu'un homme arriva à leurs côtés. La jeune fille ne savait si c'était à cause de sa fatigue ou non mais elle ne l'avait pas vu venir. Souriant, il leur demanda où était Hizuki Akimichi. La jeune fille se tourna alors vers Kusha pour avoir la réponse à cette question, qu'elle aussi se posait. Mais il n'eut pas le temps de répondre que l'homme se remit à parler. Si bien qu'il leur annonça qu'il apportait en fait, un ordre de mission à leur sensei pour un membre de leur équipe. La mission aurait lieu le lendemain. Aussitôt, Clarisse se demanda pour qui allait être cette première mission.

¤ Si seulement j'étais choisie pour accomplir cette mission! Ce serait vraiment super! Depuis le temps que j'attends cela. Je me demande en quoi elle consiste... Mais peu importe, du moment que cela aide quelqu'un, ça ne peut être que gratifiant. Hum... Apparemment c'est Hizuki qui va désigner lequel d'entre nous sera chargé de ça, mais qui va t-il choisir? Je n'en ai pas la moindre idée. Peut être Kusha parce qu'il était là avant? Mais ça, Hizuki ne le sait pas. Alors peut être Sanosuke? Ou moi peut être. Impossible de connaitre son choix à l'avance... Pourtant j'aimerais bien savoir. Mais bon, on verra bien demain. Espérons juste que je sois choisie... ¤

Perdue dans ses pensées, la jeune fille n'avait pas écouter l'échange entre les deux hommes - si échange il y avait eu-, si bien qu'elle n'était toujours pas sûre de la raison du départ de l'Akimichi, ni où il était parti.

¤ Bon et bien tant pis, je ne saurai pas, ça serait malpoli de redemander. ¤

L'homme partit peu de temps après son arrivé et Clarisse décida qu'il était temps pour elle de s'en aller aussi. Elle était fatiguée et allait avoir besoin d'une bonne nuit pour récupérer de cet entrainement assez éprouvant. Mais avant tout, il allait lui falloir beaucoup de courage pour parvenir à tenir sur ses jambes jusqu'à chez elle. Elle annonça donc immédiatement son départ à ses coéquipiers.

"Bon, et bien je crois que l'entrainement est fini pour aujourd'hui non? Il est temps d'aller se détendre et dormir un peu. Bonne fin de journée à tous les deux!"

Clarisse les salua et s'en alla d'un pas tranquille vers son domicile.

Demeure de Clarisse

Kusha n’avais que distraitement suivi la scène entre Clarisse et Hizuki, et mit quelques instants à comprendre pourquoi ce dernier paraissait aussi énervé. Visiblement, le Chuunin avait quelques problèmes à régler avec lui-même, et voulait que son élève l’attaque directement, pour qu’il puisse montrer sa valeur. Kusha leva discrètement les yeux au ciel devant cette irrationnelle manifestation d’amour propre non nécessaire, et se contenta d’hocher la tête pour signaler à Hizuki qu’il avait compris. Il se décala et s’appuya ensuite contre un arbre pour réfléchir à ce nouvel exercice.

¤ Bon… Un chakra chaotique, hm ? Je suppose que se limiter à cet état de pensée serait voir l’empoisonnement trop abstraitement, mais bon, je vais déjà partir de ça… Tout d’abord, je vais remettre en place ce petit champ de protection. ¤

Il s’exécuta, concentrant de nouveau du chakra dans sa main pour créer son gant protecteur, à base de chakra douanier… Une fois qu’il jugea sa nouvelle gangue de sécurité prête, il poursuivit sa réflexion.

¤Bien, mieux vaux être prudent ; quoi que je fasse, autant éviter les risques inutiles. Ensuite… Je dois faire ‘entrer en transe ’ mon chakra ? Tout en créant un certain chaos ? Hum hum… C’est un peu flou… Quelles peuvent être les formes et les sources du chaos ? Une chambre d’étudiant… Un plat de nouilles… Un champ de bataille ? Non, vraiment non, ça ne marcherait pas comme ça ; le chaos est un concept bien trop flou pour que je me base dessus. Partons plutôt sur le concept de transe… Diverses religions ont des fidèles qui se mettent par divers moyens dans une forme de transe… Utilisant des drogues, ou se mettant dans un état de fatigue extrême, jeûnant jusqu’à l’inconscience, ou même par la prière, les adeptes recherchant la transe se sentent alors plus proche de l’univers, plus conscients à travers leur inconscient en somme. Mais ce n’est pas ce qu’il me faut ici ; ce sont dans ce genre de cas des transes tranquilles, immobiles. Ce dont j’ai besoin, c’est une transe active –non, plus que ça, hyperactive, déboussolée. Ce genre de transe, c’est celui que ressentent les musiciens qui se perdent dans des rythmes effrénés, qui jouent des heures et des heures sans penser… Ou plutôt, et même encore mieux : celle de certaines tribus nomades, qui se perdent à travers la danse ! Une dance très –trop ? – rythmée, cadencée, que l’on ne peut pas suivre en pensant, et qu’on est donc obligé de suivre avec son instinct… ¤

Il décida donc de tenter de faire danser son chakra. Il forma une petite « boulette » de chakra à l’intérieur de sa main, et tenta de faire se déplacer, en cadence, toutes les molécules de son chakra ; mais sans succès. Bien qu’il parvienne à faire bouger la plupart des infimes morceaux qui constituent son chakra, Kusha ne parvenait pas à leur faire adopter un rythme.
Il comprit cependant bien vite ce qui clochait : lorsque des humains dansent, ils suivent un rythme jusqu’à le garder eux-mêmes. Il devait en être de même pour le chakra. Il se leva donc, et fit le tour de l’arbre sur lequel il s’était appuyé ; il ferma les yeux et posa son front contre le tronc du vieux pin, puis commença à tapoter la surface de l’arbre avec son doigt.

~Tok-tok tok tok. Tok-tok tok tok. Tok-tok tok tok. Tok-tok tok tok. Tok-tok tok tok. ~

A chaque petit ~Tok~, il envoya une petite impulsion dans la boule de chakra. Au début, certaines particules ne réagissait pas, ou trop tard ; elles n’avaient pas encore adopté le rythme que Kusha donnait avec son doigt. Puis, petit à petit, une à une, les molécules de chakra se mirent à se mettre au diapason. En moins d’une minute, elles furent toutes à se dandiner au même rythme. Kusha poursuivit encore un peu, puis arrêta de marquer le tempo avec son doigt ; à quelques exceptions prêtes, les molécules de chakra poursuivirent leur ballet, presque parfaitement. Il tenta de détacher un peu sa concentration, et la boule de chakra continua malgré tout à s’agiter régulièrement. Kusha jugea le résultat satisfaisant : étant donné qu’il allait ensuite devoir rendre ce ballet absolument chaotique, quelques morceaux déjà hors de l’ordre ne changeraient guère la donne. L’important était de faire rentrer son chakra en transe, et il y était parvenu.

¤Bien, déjà une partie du travail de faite. J’ai désormais un chakra en transe ordonnée… Il faut maintenant que je crée du chaos… J’ai déjà vu tout à l’heure que ce ne serait pas le plus facile, mais bon. Je n’ai qu’à imaginer mon propre chaos, plutôt que de m’inspirer de celui d’un autre, ça me facilitera la tâche… ¤

Les yeux fermés, il tenta alors de concevoir dans son esprit une image du chaos. Spirales tourbillonnantes, formes géométriques torturées, tentacules sans débuts ni fins, étoiles sans formes, sons discordants, cris sans musiques, couleurs déclassées… Mais non, malgré tout ses efforts, il ne put jamais atteindre une forme qu’il jugea digne du mot « chaos ».

¤C’est logique, si on y pense… Le chaos n’est pas un état fixe, et il n’est pas possible de créer un réel chaos avec un esprit humain, bien trop limité pour cela… Comment faire ? Comment faire…¤

Il s’était à nouveau assis, le dos à l’arbre. Généralement, quand il était incapable de trouver une piste digne de confiance dans une réflexion intense, il prenait l’avis ou l’idée d’un autre, le plus souvent –voire tout le temps- par le biais d’un livre. Malheureusement, il ne connaissait pas et ne possédait pas de « Traité sur le chaos », ou de « Biographie d’une forme chaotique », et ne comptait certainement pas se rendre à la bibliothèque pour en demander un ; passer pour un dingue devant une pauvre employée innocente ne figurait pas sur sa ‘ liste de choses à faire avant de trépasser ’. Et même s’il possédait un tel ouvrage, il ne se trouvait pas là, sur lui.
En réalité, les seuls écrits se trouvant sur lui étaient…
Il tourna la tête vers le sac contenant les rouleaux que lui avait confié sa mère. Certes, il n’avait pas le moindre début d’idée de détail du sujet abordé par ces rouleaux, mais la tentation fut trop forte. Après avoir vérifié qu’il était à l’abri des regards, il glissa sa main dans sa sacoche et fouilla jusqu’à mettre la main sur un des rouleaux.

Le Chaos N’Est Pas Fixe Il N’A Pas De Mouvement Invisible Et Multicolore Est Le Chaos Sans Jamais De Repos Avance Vers L’Arrière Mais Retourne Toujours Il N’Est Pas Là Sans Etre Partout Jamais De But Mais Sans Errer Le Chaos Ne S’Arrête Jamais Car Il Est Toujours Présent Ordre Sans Nom Ordre Sans But Ordre Au Passé Ordre Avec Une Direction Aléatoire Ordre Fini Le Chaos.

L’image d’un œil, rouge et iridescent, au cœur d’un amas indescriptible et incalculable, mouvant et gargantuesque, sinistre et sans forme.

Kusha retira sa main de la sacoche, comme s’il s’y était brulé. Le contact avec le rouleau n’avait duré qu’une fraction de secondes, et pourtant il avait eu le temps d’entendre une voix, si tant est que l’on puisse décrire ce son comme une voix ; plutôt un flot d’informations directement bourrées dans son crâne. Il frissonna et secoua la tête, puis regarda aux alentours : personne en vue qui aurait pu lui faire une blague ou assister à l’hallucination. Kusha cligna rapidement des yeux, puis décida d’admettre cette hallucination comme une intervention, certes terrifiante, mais qui allait pouvoir l’aider.

¤Alors là ! Qu’est ce que c’était ? Comme un flash… Quand j’ai touché le rouleau… Je vais avoir besoin d’analyser ces papiers dès mon retour à la maison, c’est louche. En tout cas, c’est ce qui s’approcherait le plus d’une définition du Chaos… Surtout les derniers mots… « Ordre Sans But Ordre Au Passé Ordre Avec Une Direction Aléatoire Ordre Fini »… Brrr, j’en tremble encore, mais bon. La vraie source du Chaos, c’est donc son opposé, l’ordre… Oui, après tout si on lui laisse assez de temps le bureau le mieux rangé devient un véritable foutoir ; l’ordre tend toujours vers le chaos, en somme… Il faut que je crée un ordre bien précis dans l’arrangement de mon chakra, puis que je bousille cet ordre petit à petit ; mais pas méthodiquement, puisque ça ne ferait que créer un nouvel ordre diffèrent… ¤

Il se concentra alors sur la boule de chakra qu’il avait fait entrer en transe un peu plus tôt ; il put constater que les molécules se dandinaient encore faiblement, toujours un peu en rythme, malgré le temps passé depuis qu’il leur avait imposé ce tempo. Elles s’agitaient donc encore légèrement, mais suffisamment lentement pour qu’il puisse les modeler à sa guise.
Il décida de créer une structure très géométrique, basée sur des ‘boulettes’ reliées par des ‘traits’. C’était une vision très enfantine de la chose, mais permettait au moins de planifier facilement les choses : en changeant certaines parties de son chakra en ‘traits’, auxquels il attachait une ‘boulette’ à chaque bout, puis en assemblant entre eux les divers ensembles, il forma des cubes, qu’il relia encore entre eux, jusqu’à ce que la boule de chakra contienne un cube composé de cubes composés de cubes… Le tout oscillait encore faiblement, chaque molécule bien coordonnée avec toutes les autres.

¤Bien, une fois cet ‘ordre’ défini, il faut que je fragilise les liaisons. Comme ça, quand je recommencerais à les agiter, l’ordre se brisera et le chakra tentera tant bien que mal de le conserver, ce qui ne fera qu’empirer les choses. ¤

Pour ce faire, il fit circuler, à l’intérieur de la structure, une petite quantité d’énergie qui se déplaçait à son gré ; au fur et à mesure, cette énergie usa les ‘traits’ de façons différentes selon qu’elle passe plus ou moins souvent dans certaines zones du cube. Quelques liaisons se brisèrent déjà, Kusha décida alors de stopper le mouvement, pour que les cubes ne soient pas désordonnés de manière trop… ordonnée.
Il recommença ensuite à faire se mouvoir en rythme le chakra, pour le faire à nouveau entrer en transe. Une fois qu’il sentit le cube tourner, en transe, à l’intérieur de sa main, il détacha lentement sa concentration de celui-ci, pour qu’il continue de lui-même, et commença à réfléchir à la façon dont il s’y prendrait pour le rendre chaotique.

¤Si je me contente de lui envoyer des impulsions au hasard pour briser les liaisons, ça ne suffira pas ; mon esprit humain n’est pas assez détaché pour créer une véritable forme aléatoire… Cela ne créerait, une fois encore, qu’un chaos bien ordonné. Comment faire…¤

« Hum Kusha ? »

Il fut interrompu dans ses pensées par Clarisse. La kunoichi venait de s’avancer vers lui à pas trébuchants, l’air visiblement vidée de toute énergie. Kusha n’avait guère porté attention à ce qu’elle faisait avec Hizuki, et se demanda un instant ce qu’elle lui voulait.

« Peux tu me dire où est passé Hizuki-sensei? Que s'est il passé? Je... Je n'ai rien vu... »

Kusha jeta fiévreusement un coup d’œil vers le reste de la clairière, là où ses coéquipiers s’entrainaient un peu plus tôt, et ne put que constater l’absence totale de l’Akimichi qui leur servait de maître. Kusha se releva en un instant, arpentant la clairière et jetant des regards dans tout les sens à la recherche d’Hizuki, en vain.
Il conclut rapidement que Clarisse avait effectivement attaqué Hizuki, comme ce dernier le lui avait demandé, mais que le Chuunin n’avait pas su esquiver l’attaque ; cela pouvait se voir par les traces d’un coup de vent violent, et les marques d’un objet lourd tombant au sol un peu plus loin. Connaissant l’Akimichi, trop timide, celui-ci avait du se sentir humilié et partir.

¤Je dois absolument le retrouver, merde ! Si on perd notre sensei, on va passer pour une équipe d’abrutis, et on ne pourra plus rien apprendre… Bordel, bordel !¤

Il remarqua un instant que son comportement était inapproprié et inhabituel. Il était rarement erratique, or il se comportait désormais un peu trop fiévreusement… Surement la tension de sa rencontre avec sa famille qui jouait avec ses nerfs. Il pensa un instant se calmer, mais se rendit compte que cet état était profitable : qui dit comportement erratique, dit chaos… Il allait pouvoir en profiter pour avancer dans sa création de chakra violet.

¤Si je me concentre uniquement sur la création d’un chaos, ça ne fonctionnera pas. Si je laisse mon subconscient s’en charger, pendant que je suis concentré sur autre chose d’inhabituel, ça devrait fonctionner. ¤

Il remarqua alors des traces de pas partant vers le cœur de la forêt ; certainement celles d’Hizuki. Il commença à courir dans leur direction, ajoutant sèchement derrière son épaule à l’adresse de Clarisse :

« Bravo, très bien joué, tu peux être fière de toi. »

Courant à travers les fougères, il avait carré dans un coin de son esprit qu’il devait envoyer de temps à autres des impulsions sur son cube si bien ordonné, tout en y prêtant fort peu attention. Il se concentra plutôt sur le fait que l’apostrophe à Clarisse avait été mesquine, et gratuite, mais n’y fit pas attention ; elle avait vraiment gaffé sur ce coup.
Il arriva rapidement en vue d’une silhouette, qu’il reconnut comme étant celle de son sensei. Il se rapprocha et se planta devant lui : certes, la peine se lisait sur son visage, mais Kusha se mit à lui parler assez méchamment, sourcils froncés, sans lui accorder le temps de répondre.

« Alors ? On se barre comme ça, en un éclair ? Juste parce qu’on a été mis au sol par son élève ? En même temps, qui lui a dit de l’attaquer, hmm ? C’est quoi votre problème, à la fin, sensei ? Vous pensez qu’on vous juge, qu’on pense que vous êtes un incapable fini, si j’ai bien tout suivi ; alors qu’on ne pense rien de tout ça. Vous mettez pas à notre place, et contentez vous d’enseigner. Si vous faites tout pour qu’on vous considère comme un boulet, c’est normal qu’on vous considère comme tel. Donc arrêtez de faire des bravades, ou quoi que ce soit juste pour nous impressionner : vous êtes chuunin, donc vous êtes digne de respect. C’est comme ça que ça marche, bon sang ! Vous êtes le professeur, nous sommes les élèves, pas la peine de vous remettre en question. Ou plutôt si, maintenant : vous savez ce que vous avez fait ? En une après-midi vous avez appris à une genin assez débutante à utiliser une technique suffisante pour mettre un chuunin à terre. Ca, c’est le bon côté. Et ensuite, qu’est ce que vous faites ? Vous lui apprenez à l’utiliser sur un allié, puis vous partez, comme ça ; elle était dans les vapes, et elle aurait pu être en danger, mais NoooOOoOn, Monsieur Hizuki-sensei a trop besoin de cacher son honneur bafoué pour pouvoir y faire attention. Je me destine à la médecine, et je sais qu’on ne laisse pas quelqu’un d’affaibli sans la moindre surveillance, donc la prochaine fois que vous faites ce genre de stupidité… »

Il ne savait absolument pas de quoi il pouvait menacer son sensei ; il laissa donc cette menace creuse flotter. Il profita de cet instant d’incertitude pour vérifier l’état de son ouvrage concernant l’empoisonnement, et fut surpris du résultat.
Envoyant au hasard, dans toutes les directions et à un rythme irrégulier, des impulsions colériques dans son chakra, il avait brisé la plupart des liens qu’il avait créé entre les différentes molécules de chakra. Celles-ci avaient créé, selon les liaisons restantes, des groupes divers qui s’entremêlaient et tourbillonnaient comme… un véritable chaos. Kusha jugea qu’il était temps de voir s’il avait atteint son but.

« Puisque vous aimez tant que ça faire essayer les techniques de vos élèves sur vous-même… »

Il tira un kunai d’une de ses poches, et passa sa main protégée par du chakra le long du tranchant de l’arme, faisant s’écouler le chakra du cube brisé, devenu chaotique ; un reflet violet et malsain devint visible sur la lame, qu’il pointa vers Hizuki.

« … j’ai presque envie d’essayer, comme Clarisse, mon nouvel arsenal sur vous. »

Il resta immobile, faisant face à l’Akimichi, le regard noir. Il guettait une réaction ; après tout, bien qu’il se sente inférieur, Hizuki était un chuunin expérimenté, et donc bien plus puissant que le pauvre genin qu’est Kusha.

[Kusha : Technique acquise, chakra de la technique perdue]

Il voguait comme une âme en peine, ces chaussures traînaient sur le sol comme pour signifier sa nonchalance et sa mauvaise humeur. Il ne réalisa que plus tard que c'était en trainant les pieds qu'il avait laissé des traces qui permettraient à Kusha de le retrouver. Il avait honte et ces yeux étaient humides. Il était vraiment, vraiment trop con. Cela se passait plutôt bien, non ? Alors pourquoi s'était-il mit ce pari idiot dans la tête ? Il savait qu'il avait toujours été nul en pari alors pourquoi ... pourquoi ? Il était trop con, c'était la seule explication.

*Merde !*

Il frappa de toutes ces forces contre un arbre. Heureusement pour l'arbre, celui-ci était solide. Hizuki se mit à soutenir son poing droit, comme si une douleur sans nom le traversait. Les larmes dans ces yeux étaient à la fois des larmes de honte et de douleur. Bref, il avait vraiment l'air ridicule et ne s'en cachait pas. Au contraire, il savait très bien que c'était ce qu'il avait toujours été, un clampin plus ridicule qu'un poids mort. Un bruit se fit entendre derrière lui. Il avait été suivit. Il essuya ces larmes de sa manche et écouta Kusha, tout en restant de dos pour ne pas lui montrer ce qu'il pensait.
Pour Hizuki, ce fut comme un contrepied, c'est vrai l'engueuller, c'était bien là seule chose qui pouvait marcher avec lui qui était comme un enfant de cinq ou six ans. Ainsi, ce simple genin croyait vraiment l'avoir avec son poison et son kunai. Mais savait-il seulement lancer ou plutôt en aurait-il le temps.

*Ne lâche jamais des yeux les mains de ton adversaire.*

En un instant, un kunai arriva sur la gorge de Kusha, Hizuki était dans son dos. Il y avait bien un Hizuki qui était là face à eux, et de dos, celui-ci explosa dans un nuage de fumée. Hizuki avait donc fait un clone et exécuté une permutation dans un très court instant.

"Cela m'étonnerait. Lâche ton arme."

"Tu as acquis l'empoisonnement."

Tenant Hizuki en joue avec son kunai empoisonné, prêt à tenter de le planter –sans vraiment chercher à blesser-, Kusha avait bien planté les fondations de sa mascarade. Pourtant, un instant après sa menace, il sentit une lame collée à sa joue ; Hizuki se tenait derrière lui, tandis que son clone que le Genin avait pris pour vrai explosait et se volatilisait.

"Cela m'étonnerait. Lâche ton arme."

Kusha laissa flotter un sourire narquois sur ses lèvres, accompagné d’un petit rire bref. Il avait atteint tous ses objectifs principaux – apprendre l’empoisonnement, et remettre Hizuki-sensei sur les rails. Il laissa se disperser son chakra violet, ainsi que son gant de protection en chakra ; il se sentit vidé, la consommation de chakra est à faire avec modération, et il n’avait pas ménagé ses efforts –ainsi que ses dépenses sur son capital physique. Il allait bien dormir, cette nuit, sans doute – après avoir étudié les rouleaux des Muttsuri, bien entendu.
Se sachant de toute façon vaincu, Kusha abandonna sa position de garde et se remit droit sur ses pieds, parfaitement détendu.

« Bien, vous voilà redevenu digne de votre particule, Hizuki-sensei. Maintenant qu’on a remis tout ça au clair, je propose qu’on retourne avec les autres. »

Se libérant de son professeur, il marcha en direction de la clairière qu’il avait laissée un instant plus tôt, sans se retourner ; si l’Akimichi avait encore besoin d’une seconde pour se remettre, Kusha le laissait seul. Dans tout les cas, il restait silencieux.
Une fois arrivé sur l’aire d’entrainement, il constata deux choses : il manquait quelqu’un, et il y avait quelqu’un de trop, à la fois. La personne manquante était Clarisse, surement partie peu après son propre départ à la poursuite d’Hizuki. La personne superflue était un messager, fort enjoué, qui s’enquit joyeusement de la position actuelle de celui qui leur servait de maître. Il ajouta pompeusement qu’il s’agissait d’un ordre de mission, apparemment en solitaire.

« Hizuki-sensei ? M’ouais, il est quelque part derrière ; patientez deux petites secondes… »

¤Une mission ? Intéressant. En solo ? Doublement intéressant. Après tout, c’est l’occasion de s’entrainer en condition réelle… Surement sans trop de risques, si c’est pour une mission donnée à des genins. En plus, il y a souvent une petite récompense à la clé… Comme je le disais, intéressant. Je me proposerais à Hizuki ; en plus, je suis celui qui ait le plus d’expérience jusqu’ici. Enfin bref… Où est passé Clarisse ? Serait-elle rentrée chez elle ? Pff… Il se fait tard, c’est sans doute ça. Bien, je suppose qu’on va tous rentrer maintenant, l’entrainement est fini visiblement…¤

Kusha patientait, attendant en compagnie du messager le retour du sensei. Toutefois, impatient, il fit transmettre un message de plus à son compagnon d’infortune, avant de retourner chez lui.

« Hép, vous ; quand Hizuki-sensei reviendra, dites lui que je suis volontaire, pour la mission ; mon nom est Kusha. Dites lui aussi que, s’il me cherche, je suis en plein retour à mon domicile… Souhaitez lui aussi une bonne soirée et une bonne nuit, si ça vous amuse. D’ailleurs, je vous tire ma révérence ; bonne soirée, Messager. »

Sur ces mots, il tourna les talons et reprit la route menant à Konoha, puis chez lui.

Spoiler:

Hizuki était à l’écoute de ce que son élève pensait et ressentait alors qu’il était toujours derrière lui, une arme contre sa joue. Il voulait en fait savoir si celui-ci était impressionné ou non, car oui, c’était bien ce qu’il avait cherché à faire depuis le début, sinon, il se serait bien entendu contenter de dire « non, je n’ai pas envie que tu me lances ton arme. » et il y a fort à parier que Kusha aurait baissé son arme. Il eut l’impression que Kusha souriait. L’Akimichi écarta l’idée que c’était parce qu’il se moquait de lui, mais il eut plutôt le sentiment qu’une certaine satisfaction sortait de se sourire. Il lâcha son étreinte avec joie au moment où Kusha faisait de même.
Hizuki suivit Kusha sans se faire prier. Il ne voyait que son dos, mais celui-ci était bien droit, comme celui d’un homme qui a accompli son devoir.

*Merci*

L’Akimichi traîna, peut être un peu plus que ce qui était prévu, il avait en fait ouvert un paquet de biscuit qu’il mangeait en marchant. Il avait été con, mais il ferait comme si cela n’avait pas eu lieu, jusqu’à ce qu’il soit capable d’y faire face.
Effectivement, il y avait des personnes en plus et d’autres manquantes, sur cette aire. En guise d’explication, il n’eut qu’une seule phrase :

« Ils sont rentrés. J’aurais bien aimé parler un peu avec eux, mais apparemment vous les avez épuisés ! Alors qu’est-ce qu’il vous est arrivé ?»

« Rien … rien. »

« Ah ! C’est vrai, cela ne me regarde pas. Désolé, désolé. Je ne me suis même pas présenté, je suis un messager pour le compte du village, j’ai un ordre de mission pour l’un de vos élèves. Le voici. »

Hizuki prit le parchemin tendu, le lit avec soin et écouta le message que Kusha lui avait laissé. Il sourit. Son élève lui souhaitait une bonne soirée, qu’il passe une bonne soirée, lui aussi.

*Choisir ? Je dois choisir ? Pourquoi moi ?*

Hizuki repensa à son livre sur « Comment enseigner » et se souvient qu’il était marqué que jamais une distinction ne devait être faite entre ces élèves. Il fallait éviter les entraînements individuels, par exemple. Qu’est ce que c’était que cette idée … une mission pour un élève !

« Pfff … J’en ai marre, la journée a été trop lourde. Choisissez vous-même. Bonne soirée.»

Il quitta l’aire d’entraînement, sans aucune autre explication.

Ailleurs

Spoiler:

Sano : 4 xp
Clarisse : 38 xp
Kusha : 45 xp
Cho : 28 xp

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